Arrivé l’été dernier dans un certain anonymat, Ernesto Valverde est devenu un des meilleurs entraîneurs au monde en circulation. Si dans l’inconscient collectif, un coach qui est en charge du Barça a forcément plus de chances de réussir que nulle part ailleurs, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que le technicien a su apporter sa patte dans le jeu catalan.

Coach depuis 2002, Valverde totalise 637 matchs sur un banc d’entraineur. (Photo by Silvia Lore/NurPhoto)
Un parcours sans histoire
Entraîneur depuis 2002, la carrière d’Ernesto Valverde n’a pas connu une trajectoire ascendante. De Bilbao à l’Espanyol en passant par l’Olympiakos, Villarreal ou de nouveau Bilbao, le natif de Vlandar de la Vera a toujours bien fait jouer ses équipes et a même remporté plusieurs trophées dans sa carrière sur le banc. Mais jamais jusqu’à franchir le dernier palier pour le faire signer dans un grand club. S’il a connu la Champions League avec Olympiakos, Valence et Bilbao, le coach n’a jamais réussi à disputer une demi-finale dans la compétition phare en Europe. Assez pour en douter à sa prises de fonction ?
Un pragmatisme tactique
En héritant du Barça l’été dernier, le technicien espagnol a du affronter l’épineuse question de la succession de Neymar. Si Dembele est arrivé fin août et Coutinho en janvier pour pallier à ce départ, il a fallu très vite réorganiser l’équipe catalane dans un nouveau schéma tactique. S’il a déjà fait évoluer ses équipes en 4-4-2 ponctuellement, Valverde reste un disciple de Cruyff et de son 4-3-3 offensif. Mais au regard de l’effectif à sa disposition, il n’a pas eu d’autres choix que de faire évoluer son équipe différemment. Dès la 3ème journée de Liga face à l’Espanyol, il aligne un milieu à deux récupérateurs (Busquets et Rakitic) et deux milieux excentrés (Iniesta et Deulofeu). Vainqueurs 5-0 ce soir là, le coach du Barça va réellement appliquer ce modèle de jeu à partir du mois d’octobre.
Des résultats probants
Faire changer de système tactique à une équipe est une chose. En revanche, réussir à garder un niveau de performance au dessus de la moyenne tout en jonglant avec ces systèmes est un sérieux indicateur. Invaincus depuis le début du championnat espagnol, soit 31 matchs, le Barça file vers un nouveau titre de champion. 79 buts inscrits et seulement 16 encaissés en 31 rencontres! Cette équipe semble mûre pour aller chercher un nouveau sacre en Champions League. En écartant facilement la Juventus en poules (3-0 et 0-0) puis Chelsea (1-1 et 3-0), les Blaugrana ont une nouvelle fois tenu leur rang. La victoire facile face à l’AS Roma 4-1 a confirmé que cette équipe monte en puissance au meilleur moment de la saison. 17 buts et 3 encaissés en 9 matchs de Champions League, on a connu pire bilan pour un entraîneur qui exerce pour la première fois en Champions League avec un top club.
Une défense infranchissable
Lorsque l’été dernier, le Barça a décidé de n’acheter qu’un seul élément défensif avec l’arrivée d’un …latéral droit (Semedo), beaucoup d’observateurs ont crié au scandale. En effet, la saison dernière avait été éprouvante sur ce point et il semblait inévitable de recruter dans ce secteur. Avec un Pique en baisse de régime, un Mascherano proche de la retraite et un Umtiti encore jugé tendre pour les gros matchs, le chantier semblait important. Mais Valverde a repris les bases et la suite est venue avec les premiers résultats. 4 buts encaissés lors des 10 premiers matchs de Liga, Des clean-sheet face au Real Madrid (0-3), Valence (0-2), Villarreal (0-2), Bilbao (0-2) et des prestations défensives collectives de très haut niveau.

Les stats du Barça cette saison
Capable de faire le triplé
Encore en course en Champions League, finaliste de la Copa Del Rey et leader incontestable de la Liga, le club catalan est encore en passe de réaliser un incroyable triplé comme celui de 2015 avec la MSN. Avec déjà un pied et demi dans le dernier carré, les Blaugrana ont encore une petite dizaine de matchs à jouer d’ici la fin de saison. Si l’effectif n’est pas pléthorique, il semble en capacité de jouer les trois tableaux restants. Porté par un Messi toujours aussi bon et décisif dans les moments importants, ce Barça a toutes les cartes pour faire davantage qu’une bonne saison mais bien une saison historique. Pas mal comme bilan au 10 avril pour un coach dont on doutait il y a quelques mois. Une première victoire qui en appelle d’autres…